Le Taser, autorisé pour la police municipale
Le mardi 23 septembre, les polices municipales françaises ont été autorisées à utiliser le Taser , tout comme la police nationale et la gendarmerie. Le décret du ministre de l’intérieur a en effet été publié au Journal officiel. Les villes intéressées devront demander, à la préfecture, une autorisation individuelle pour chaque agent qu’elles souhaitent équiper d’un Taser. Quelques mots sur le Taser : Le Taser est un pistolet à impulsion électrique, dit de neutralisation. A 10 m de distance, le Taser peut envoyer sur un individu deux dards qui lui délivreront une décharge de 50000 V et de 2 mA. Ce dernier, tétanisé par le choc électrique, se retrouve paralysé quelques secondes. Le distributeur de l’arme, Antoine Di Zazzo directeur de Taser France, assure que la décharge est non mortelle. Ayant lui-même fait l’expérience de plusieurs tirs, il explique ce qu’il a ressenti : «Une douleur inexprimable. L’effet d’une camisole de force à l’envers. Comme si vos muscles avaient envie de sortir d’un coup. Quand c’est bref, c’est rien».
Onze villes ont demandé l’autorisation en préfecture avant même la publication du décret. Parmi ces villes, on peut noter Emerainville et Claye-Souilly en Seine-et-Marne. Elles voient dans ce pistolet une arme intermédiaire et dissuasive, entre l’arme à feu et la matraque qui constituent l’armement d’un policier. L’utilisation de l’arme sur une personne jugée dangereuse permettra à l’agent de la maîtriser sans danger. Chaque policier, avant de pouvoir mettre à sa ceinture un Taser, devra subir un test psychotechnique et suivre une formation. Il devra également être pris pour cible et subir une décharge… histoire de se rendre compte de l’effet produit. L’arme est présentée par le constructeur comme non létale et sans danger. Faut-il vraiment le croire ?
Un homme blessé à la tête dans le Vernon par un policier de la Brigade anti criminalité, un Canadien qui a littéralement pris feu après avoir reçu la décharge, parce que ses vêtements étaient imprégnés d’essence… Pourtant, c’est clairement indiqué dans le manuel d’utilisation du Taser qu’il ne faut pas l’utiliser en présence de produit inflammable. Oui mais voilà, comment le policier pouvait-il le savoir ? D’après Amnesty International France (AIF), plus de 290 personnes sont décédées à la suite de plusieurs décharges, dont 15 au Canada et le reste aux Etats-Unis, entre 2001 et 2007. Le 10 septembre, l’AIF avait demandé “une enquête rigoureuse et indépendante sur l’utilisation et les effets de cette arme” avant son autorisation. Le Comité de l’ONU contre la torture a déclaré voir dans cette arme une “forme de torture” et qui “pouvait même entraîner la mort”.
Les maires qui considèrent la police municipale comme une police de proximité, dont la charge est d’assurer la sécurité et la tranquillité publiques, ne souhaitent pas l’équiper de Taser. Ils estiment que le port d’un Taser est une trop lourde responsabilité et que ce n’est pas son rôle. En février 2002, un policier instructeur dénonçait une formation au Taser trop juste, seulement 2 jours, alors que le fabricant du taser considère qu’il faut au moins 4 jours. Rien que la lecture du manuel d’utilisation fait peur…
Le Taser X26, qui équipera les polices municipales autorisées par leur ville, peut être équipée d’une caméra et d’un système de mémoire permettant d’identifier le tir (date, heure, durée). Espérons que cela sera le cas. Même si la caméra ne se déclenche que lors du tir et ne filme donc pas les circonstances, cela devrait faire réfléchir à deux fois le policier prêt à tirer et éviter ainsi les utilisations abusives et les accidents mortels.
Je vous invite à lire le rapport sur le Taser du RAIDH (Réseau d’Alerte et d’Intervention pour les Droits de l’Homme).
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